SENZA CENSURA n.11

Italy, June 2003

 

TURKEY, A KEY-COUNTRY BETWEEN EUROPE AND MIDDLE-EAST

 

The point of wiew of the revolutionary turkish left. Interwiew with a Tayad member

1.What is the situation in the struggle of the prisonsers in Turkey against the F Type cells (also with the international campaings in act)?

Comme on le sait, la plus grande résistance carcérale du monde qui fait rage en Turquie continue encore et toujours. Cette résistance commencée le 20 octobre 2000 se base sur le "death fast", le "jeûne de la mort". A ce jour, nous avons donné 106 martyrs. Près de 500 prisonniers ont été rendus invalides des suites des tortures par intervention médicale forcée. Notre résistance qui dure depuis plus de 900 jours est un cri de révolte contre l'isolement, mais aussi contre les massacres, les tortures les plus avilissantes et les mensonges les plus ignobles. En plusieurs points du monde, il y a eu des luttes émaillées de grands actes de sacrifice contre le régime d'isolement carcéral. Cependant, le plus grand de ces sacrifices est sans contexte donné en Turquie. Ceci est valable tant du point de vue du nombre de martyrs, de la durée de la résistance, de l'héroïsme, de la volonté et de la foi qui s'en sont dégagés. La résistance des prisonniers n'est pas restée confinée aux prisons. En effet, les familles de prisonniers, des sympathisants mais aussi des gens non organisés se sont solidarisés avec le mouvement et ont relayé la résistance hors-les-murs.

En outre, tant les personnes qui ont été arrêtées un peu partout en Turquie et incarcérées dans le cadre des actions de soutien aux grévistes de la faim, tant les détenus en jeûne libérés conditionnellement en guise de chantage, ont poursuivi le jeûne pour les mêmes revendications. Cette attitude a généré une unité de résistance dans tout le pays.  Ainsi, par cette unité sans précédent entre l'intérieur et l'extérieur, la résistance est venue rejoindre les pages de l'histoire mondiale de la révolution. La plus importante de ces traditions s'est manifestée par le soutien mutuel et la solidarité entre les tous les militants qui combattent l'impérialisme.  Entrée dans sa troisième année, notre résistance du jeûne de la mort se poursuit toujours dans le même esprit de solidarité.  Depuis le début de cette résistance, soit depuis le 20 octobre 2000, il faut noter que plusieurs organisations de gauche qui ont d'abord rejoint la résistance, se sont retirées l'an dernier. Nous sommes donc seuls à résister contre les attaques de type F. Une neuvième équipe de grévistes de la faim a pris le relais. Récemment, une camarade, Feride Harman est devenue martyre chez elle, des suites de sa résistance après avoir été relâchée. La plupart de nos camarades poursuivant leur jeûne ont été hospitalisés. Ils sont enchaînés par les mains et les pieds à leur lit pour être perfusés de force.  Nos derniers martyrs sont décédés des suites de ces supplices. En février dernier, impuissant face à notre détermination, le parlement a ratifié une loi légalisant la torture médicale par alimentation forcée. Cette loi est une violation manifeste du droit de résistance. Des mesures similaires ont été prises pour briser le mouvement de grève tout au long de la résistance.  Pourtant, la lutte de notre organisation des familles TAYAD se poursuit sans la moindre interruption, avec abnégation et surtout avec souffrances : arrestations, tortures, emprisonnements forment le quotidien des activistes de TAYAD. Rappelons que TAYAD reste très actif: l'organisation collecte des signatures, organisent des manifestations, des grèves de la faim de solidarité, des rencontres et symposiums, des conférences de presse, des actions de protestation devant les bureaux du parti au pouvoir AKP... L'an dernier, TAYAD a remis à la grande assemblée nationale de Turquie quelques 150.000 signatures réclamant l'abolition de l'isolement. TAYAD a organisé des rassemblements hebdomadaires devant chaque consulat européen dans le but de dénoncer l'Europe qui est derrière ces prisons de type F. Les familles de TAYAD ont également rencontré des responsables du parti AKP (justice et développement) pour trouver une issue au problème de la torture blanche.

Aujourd'hui, la lutte contre l'isolement est menée conjointement à la campagne contre la guerre d'agression des Etats-Unis contre le peuple irakien. Nous disons depuis le début que c'est l'impérialisme qui a imposé le régime d'isolement en Turquie. Ceux qui déclarent la guerre aux peuples et ceux qui tentent de briser le peuple par l'isolement sont les mêmes. C'est pourquoi, notre combat pour l'isolement et contre l'agressivité US est une cause commune.

Notre résistance a eu un impact non négligeable sur notre peuple mais aussi sur l'opinion publique internationale. Dans plusieurs pays (Italie, Pays Basque, France, Irlande, Russie, Mexique, ...) ont eu lieu, des actions de solidarités et de sensibilisation. En décembre dernier, nous avons mis sur pied une plate-forme internationale de lutte contre l'isolement qui rassemble des organisations communistes, anarchistes, progressistes, syndicales et sociales, issues en particulier de divers pays d'Europe. Cette plate-forme a contribué à consacrer le «19 décembre, journée internationale de lutte contre l'isolement carcéral». Elle n'en est qu'à ces débuts et doit encore se développer.

Et en ce moment, cette plate-forme organise une caravane internationale qui va parcourir toute l'Europe jusqu'à Ankara dans le courant du mois de juin, afin de remettre une pétition réclamant la fin du régime d'isolement dans les prisons de type F.

2. Tell us something about the mobilizations of the workers in turkey in this last year. Which are the principle Trade Unions and organizations in the field of anti capitalism?

Récemment, sous l'impulsion de l'association des entreprises et des hommes d'affaire de Turquie, (TÜSIAD) le parlement a introduit une réforme au Code de travail n° 1475.  Etablie en 1971 et amendée en 1983, cette loi, dans sa version modifiée, est appelée par les travailleurs, la «loi sur l'esclavage». En revanche, le gouvernement AKP l'appelle la «loi d'adaptation à l'Union européenne». Cette réforme se base sur l'élargissement de la définition de «l'entreprise», ce qui entraîne

l'élargissement du champ d'utilisation du travailleur. Cette loi permet en effet aux patrons une flexibilité maximale. Les patrons pourront déplacer leurs travailleurs comme bon leur semble et même prêter leurs travailleurs pour une autre entreprise, comme des esclaves. En même temps, le gouvernement AKP a retardé la ratification de la loi de la garantie sur le travail qui était prévue le 15 mars dernier, une loi qui a été gagnée par les travailleurs à l'issue de nombreuses luttes. Face à cet ajournem ent, un membre de l'Union et des Chambre et des Bourses, Kemal Çolakoðlu a déclaré: l'ajournement de cette loi de 3 mois est une décision juste et utile pour la paix du travail. C'est dire comme le gouvernement AKP se démène pour faire plaisir aux capitalistes. L'Etat ne limite donc pas sa répression aux prisons bien sûr. Mais ces derniers temps, la résistance face à cette agression patronale n'a pas été à la hauteur, faute d'unité entre les travailleurs. Car l'isolement est aussi une arme que les classes dominantes utilisent pour miner l'unité de classe. Les syndicats existants y sont pour beaucoup. Ils pratiquent littéralement la démobilisation des travailleurs. L'exemple le plus flagrant est l'attitude observée le 21 mars par la direction de la confédération syndicale des travailleurs du public KESK, dont la base est connue pour sa combativité. La direction de KESK a en effet refusé de rejoindre l'appel international contre l'agression de l'Irak.

D'une manière générale, les confédérations syndicales officielles Türk-Is, Hak-Is et DISK qui comportent chacune des millions de travailleurs, évitent consciencieusement d'appeler les travailleurs à descendre dans la rue, que ce soit pour défendre l'emploi, pour protester contre la crise et la famine ou pour dénoncer la guerre. Toutes ces organisations se déclarent anti-capitalistes et anti-impérialistes. Mais comme partout, la question est d'adopter une pratique anti-capitaliste. Ce n'est pas le cas. Pourtant, dans notre histoire, il y a eu des résitances ouvrières glorieuses.  La classe ouvrière a aujourd'hui, besoin d'unité. Face à l'agression économique du FMI, la résistance ouvrière est quasi inexistante. Cela est à imputer au syndicalisme de type MGK (baptisé ainsi pour avoir défendu l'armée et ses soi-disant principes laïcs contre un soi-disant danger fondamentaliste) qui a consciencieusement entraîné les travailleurs dans des polémiques secondaires. Les éléments révolutionnaires ont en même temps été largement épurés des structures syndicales.

Notre défi est de construire l'unité au sein de la classe ouvrière autour de revendications communes, qu'ils soient affiliés ou non à un syndicat. Nous consacrons un grand effort à la création d'un Front ouvrier qui exprime la volonté et la force de la classe ouvrière.

 

3. What do you think are the reasons of the victory of the Muslims in the recent election?

Des urnes du 3 novembre, deux partis ont émergé: le parti de la justice et du développement (AKP) et le parti républicain du peuple (CHP). Le grand vainqueur a été l'AKP avec près de 35 % des voix et 2/3 des sièges au parlement.

Au lendemain du scrutin, on annonçait «l'avènement d'une ère nouvelle»! Il faut évidemment voir en cette campagne électorale, une mascarade démocratique comme il est de coutume de voir en Turquie. Seuls les visages et les noms avaient changé. Désormais, les tâches inaccomplies par le 57e gouvernement allaient tout simplement être parachevées par le 58e gouverneme nt.

Les resultats du scrutin et la percée de l'AKP, ont mis en lumière plusieurs évidences et sont dûes à diverses raisons : c'est d'abord une claque à la figure des partis du gouvernement de coalition (DSP, MHP, ANAP) et aux partis de l'opposition (le parti de la juste voie-DYP et le parti du Bonheur- Saadet Partisi). La population leur a donné une leçon inoubliable.  Après trois ans et demi de misère et de répression,  le peuple a puni le parti majoritaire DSP d'une défaite électorale cuisante, jamais essuyée par aucun parti dans l'histoire républicaine. Les autres membres de la coalition ainsi que les partis de «l'opposition» n'ont pas été épargnés. Tout simplement parce qu'ils n'ont pas bougé d'un poil contre la faim et la misère.

Le vote AKP est un vote de protestation qui trahit un profond mécontentement de la population. Cette «victoire» électorale illustre notamment la  réussite» du jeu démocratique de l'oligarchie. L'embouchure naturelle du fleuve de mécontentement populaire devrait être la révolution. Cepedant, lorsque le courant révolutionnaire est faible, l'oligarchie canalise le mécontentement pour irriguer son système. L'AKP est en quelque sorte le canal d'irrigation de l'ordre établi. Les masses ont opté pour un parti annoncé comme  «potentiellement victorieux». Il n'y avait d'ailleurs que deux options : l'AKP et le CHP. En outre, l'AKP avait une apparence bien plus séditieuse que le CHP, ce qui explique aussi le choix des masses en faveur de l'AKP. Avant d'être un vote réactionnaire et un vote de protestation contre les conditions sociales, c'est aussi et surtout un vote de rejet des conceptions et des doctrines de l'Etat. Le CHP, par contre, incarne davantage les piliers de l'Etat alors que l'AKP a un aspect plus alternatif et rebelle, donc plus attirant. Les leaders de l'AKP ont aussi une apparence plus «populaire». Le vote AKP est aussi une réaction au mépris des masses et à l'élitisme de la bourgeoisie.  Ce vote s'explique en bref par un ras-le-bol contre la faim et la tyrannie, contre le 57e gouvernement et contre le MGK, le conseil national de sécurité, qui, en réalité, le soutient. On peut naturellement ajouter d'autres raisons économiques, politiques et sociales. Mais en fin de compte, les fauteuils du parlement ont été libérés pour un nouveau parti proaméricain et 'islamiste'.

4. The rise of Muslims at the governement in Turkey seems doesn't change the economic and international politics of the country. The new government supports the next war against Irak and the friendly rapports with Israel. Tell us something about all this and if there will be an answer of mass against the war and if there are mobilitations for the Palestine people.

L'AKP était candidat pour appliquer le programme de l'impérialisme et de l'oligarchie, ce que l'AKP exécute aujourd'hui. L'AKP ne fait aucune objection au démantèlement des réseaux de contre-guérilla, aux prisons de type F, au programme du FMI, aux privatisations, à la faim et à la tyrannie.

Il ne comporte aucune contradiction avec le système.  Les cadres et la conception politiques qui forment l'AKP ne sont pas une nouveauté. Ils sont le produit du 28 février 1997 (date où le conseil national de sécurité a posé des avertissements aux fondamentalistes et a décrété un plan de 20 points pour éradiquer le 'danger islamiste') et on nous les sert aujourd'hui comme un parti «nouveau». Cependant, l'ingérence des classes dominantes dans la politique ne se développe pas toujours de manière linéaire et dans les conditions voulues par celles-ci. Chaque tentative d'ingérence provoque des dynamiques antagoniques. On peut dire de même pour l'AKP. L'oligarchie n'a pas subi de dommages dans cette opération et est même parvenue à émousser le potentiel séditieux de ce parti. Ainsi l'AKP a gagné la compétition entre tous les partis qui flagornent l'impérialisme et l'oligarchie.  L'AKP ne peut agir au détriment des impératifs du conseil national de sécurité, de l'Amérique et des directives du FMI. Tous ces discours sont destinés à cacher la réalité, à voiler le pillage et la répression. On voit qu'avant et pendant l'agression US contre l'Irak, le masque de l'AKP est tombé.  Depuis le début, l'AKP observait une attitude hypocrite car en tant que parti «islamiste», celui-ci ne pouvait justifier une telle collaboration contre un pays musulman. D'une part, il joue au pacifiste pour ne pas s'attirer l'ire populaire, d'autre part il exauce les voux des Etats-Unis. Il se démène pour faire voter des motions parlementaires en faveur de ses souteneurs US.

Récemment, lorsque le ministre turc des affaires étrangères Abdullah Gül a rencontré Colin Powell, il a réitéré que la Turquie faisait partie de la coalition contre l'Irak. Aujourd'hui, le gouvernement AKP est entrain de vendre le pays honteusement à son très cher "partenaire stratégique". Cela s'appelle de la collaboration. Il sait que s'il n'agit pas ainsi, il ne pourra pas subsister longtemps au pouvoir. En même temps, le gouvernement déclare la guerre à son propre peuple sur le front économique, militaire et politique. Le pays est littéralement sous occupation. L'AKP n'est pas le gouvernement de la république de Turquie, mais du 53e état des Etats-Unis. Il a donné des garanties de respecter les plans «globaux» des monopoles américaines : privatisations, vente des ressources souterraines, location des sources d'exploitation, sont les les nécessités de l'économie impérialiste globalisée.  Dès son accession au gouvernement, l'AKP avait déjà déterminé un calendrier des privatisations.

En politique, le gouvernement défend les directives américaines et agit en parallèle aux institutions impérialistes, depuis les Nations Unies jusqu'à l'OTAN. La Turquie est même perçue comme le «cheval de Troie de l'Amérique». Sur le plan militaire, les forces armées turques agissent en partenariat à la frontière turco-irakienne. La quasi seule mission du gouvernement AKP est de porter assistance à l'Amérique. Face à cela, il ne faut pas s'attendre à ce que notre peuple reste silencieux. Il y a un profond ressentiment à l'encontre des envahisseurs américains et de leurs collaborateurs. Notre peuple n'est pas si éloigné de la réalité qui émaille le Proche-Orient. Il a toujours été sensible à la cause palestinienne.

Aujourd'hui, d'après les sondages, 94% de la population s'opposent à l'agression américaine. Malheureusement, la faible mobilisation des masses et due au manque d'organisation et d'encadrement des masses. Leur pensée ne se traduit pas dans les actes sous forme de démonstration massive. Il faut voir ce manque de réaction comme une conséquence de la politique d'intimidation dont la torture blanche dans les prisons de type F constitue une de ces formes. Malgré tout, il y a dans tout le pays, un nombre incalculable d'actions auxquels un nombre sans cesse plus élevé de gens participent. En ce sens, la manifestation du 1er mars de près de 100.000 personnes qui a été organisée en même temps que le vote parlementaire sur la motion donnant l'accès aux troupes US sur le territoire, a été un pas important. Notre plus grand défi aujourd'hui est de parvenir à organiser les masses dans un front uni contre la faim, la répression, l'impérialisme et la collaboration.

5. Many organizations , also Turkish, are written in the black list of USA and UE. What do you think about this and about the rising repression in Europe and USA?

Ressassons-nous ce qui s'est passé ces dernières années, surtout depuis le 11 septembre: c'est une période où la terreur, les menaces et l'agressivité de l'impérialisme et surtout de l'impérialisme US ont atteint des niveaux extrêmes.

Quelques jours après le 11 septembre, le monde entier était  secoué par l'hystérie du «terrorisme». Les pays, les peuples, les organisations et même les idées ont, une à une, été prises pour «cibles». Sans tomber dans cette démagogie du «terrorisme», de la «violence sous toutes ces formes» et des «victimes civiles», notre Parti a énoncé LA REALITE DU MONDE à la lumière de la violence de classe. Nous avons appelé tout le monde à débattre de cette REALITE. Car les attentats du 11 septembre ne sont que la conséquence de toutes les guerres menées par l'Amérique et l'Europe contre les peuples. Au lendemain de ces attentats, nous avons mis l'impérialisme sur le banc des accusés et nous l'avons jugé. Cette attitude allait faire de notre Parti, un ennemi et une «cible» prioritaire pour l'impérialisme. En février 2002, le directeur de la CIA Georges Tenet a proposé au Sénat de nous lister en tant «cibles prioritaires». L'Europe n'a pas fait mieux : l'Amérique a demandé de nous criminaliser et l'Europe s'y est plié.  Le 2 mai 2002, nous étions désormais considérés par les instances européennes comme une organisation «terroriste».

Cette liste ne cesse de s'élargir aux pays et aux organisations. D'une part, l'Amérique mobilise toutes ses forces, depuis la contre-guérilla jusqu'au FMI, pour changer les régimes des pays qu'elle taxe de terroristes. D'autre part, des dizaines de mouvements nationalistes, révolutionnaires, islamistes viennent régulièrement grossir les rangs des proscrits. L'impérialisme tente de légitimiser son terrorisme économique et politique au nom de «la guerre contre le terrorisme»! Or, quels qu'aient été les qualificatifs, globalisation», «mondialisation», «guerre contre le terrorisme», les intentions de l'impérialisme américain crèvent les yeux. C'est pour cela que l'Amérique suscite une telle haine. En Europe, en Asie et ailleurs où, des millions de manifestants crient "Non à la guerre", dénonçant ainsi le véritable terrorisme.

Quoiqu'il en soit, les «listes des organisations terroristes» sont illégitimes et ne pourront mettre fin à la lutte des peuples.  Si nous sommes ainsi pris pour cibles par le plus grand des ennemis des peuples, c'est parce que nous sommes dans la bonne voie. Le fait que nous soyons dans la ligne de mire des USA et de l'UE et qualifiés de terroristes suscitent quelques inconvénients pour nous. Nous nous appuyons sur la force du peuple. Nous marchons «sur nos jambes et sur notre propre sol». Nous continuons le combat! Mais nous livrons ce combat sur notre territoire. Tel verdict ou tel châtiment des Etats-Unis ou de l'Europe ne nous affectent pas outre mesure. Les listes noires ne vont pas faire le moindre ombrage sur notre lutte juste. Le terrorisme ? Oui, nous combattons pour mettre fin au terrorisme de l'Etat fasciste et pour instaurer la démocratie populaire.

6. What is the role of Turkey in the region in this phase?

Ce qui fait de la Turquie, un lieu si convoité par l'impérialisme, c'est sa situation géographique. D'une part, le Caucase et le pétrole de la mer Caspienne qui offre d'énormes potentiels commerciaux. D'autre part, il y a le Proche-Orient qui n'a jamais pu être stabilisé ou sécurisé par l'impérialisme. Un troisième axe est celui des Balkans. Si l'on ajoute que la Turquie est une zone de transit est-ouest de la drogue, de l'argent sale et du trafic d'armes, on comprend mieux ses multiples rôles pour l'impérialisme.

L'impérialisme a octroyé à la Turquie le rôle de cheval de Troie. Mais, ces trois régions enferment un potentiel anti-impérialiste considérable. C'est pourquoi, l'impérialisme a besoin d'une base solide dans la région. Voilà pourquoi, les interventions militaires y sont si fréquentes.  Le Proche-Orient a toujours été une zone rebelle. Les réserves de pétrole qui s'y trouvent représentent la moitié des réserves mondiales. C'est une zone qui relie l'Afrique, l'Asie et l'Europe. Cette situation stratégique lui donne une valeur supplémentaire.

Dans cette région du monde, les Etats-Unis rencontrent 20% de leurs besoins en pétrole, l'Europe, 50% de leurs besoins et le Japon, 75% de leurs besoins.

Les peuples de la région souffrent de cette convoitise. En août 1990, les impérialistes avaient mis en place leur doctrine du Nouvel Ordre Mondial en préparant une nouvelle guerre dans la région au profit des monopoles. Les pays les plus récalcitrants étaient la cible de cette nouvelle stratégie. La première guerre du Golfe était une agression qui visait tous les peuples du Proche-Orient. Rien à voir avec la «libération du Koweit», le «monde libre» ou l'instauration de la «démocratie».

Après la Première Guerre de Partage, l'impérialisme britannique a créé de toutes pièces, Israël qui est le plus grand agent de l'impérialisme dans la région. Israël remplit brillamment sa mission de gendarme et de tortionnaire des peuples du Proche-Orient. Cependant, la résistance du peuple palestinien et la présence de dictatures petites-bourgeoises qui entretiennent des contradictions avec l'impérialisme comme l'Irak, la Syrie et la république islamique d'Iran et celle des nationalistes kurdes qui ne se sont pas compromis à l'impérialisme, rendent la tâche des impérialistes et de leurs alliés sionistes plus laborieuse.

C'est pourquoi, durant les années 90, les Etats-Unis ont développé l'alliance entre la Turquie et Israël.

Le rapprochement de la Turquie a provoqué une certaine banalisation et légitimisation d'Israël dans la région parmi les Etats arabes collaborateurs.

Face à la résistance des peuples du Proche-Orient, la Turquie mais aussi des pays musulmans qui comptent un pouvoir collaborateur comme l'Egypte ou la Jordanie jouent un rôle de premier ordre. Israël reste tout de même isolée dans la région.

L'oligarchie de la Turquie rend service avec zèle, notamment dans la guerre d'agression de l'Irak. La Turquie est une véritable rampe de lancement pour les Etats-Unis qui utilisent son allègrement son espace aérien pour bombarder l'Irak. Cet exemple illustre l'importance stratégique de la Turquie.

7. Turkey hasn't been admitted in UE for the moment. For you the admittement would be a good thing for people? Why USA tries to make the Turkey enter in UE?

L'UE ou les autres institutions impérialistes ont pour but d'exploiter toujours plus. On ne peut évaluer les rapports entre la Turquie et l'UE que sous cet angle-là. Le gouvernement turc parle aujourd'hui d'un rêve vieux de 40 ans. Pour y accéder, il donne concession sur concession. Que ce soit bien clair : l'adhésion à l'Europe n'est pas le rêve du peuple, mais bien de la bourgeoisie monopoliste. Le milieu qui dépense le plus d'effort pour accéder à l'UE, c'est cette bourgeoisie collaboratrice qui veut atteindre de nouveaux marchés et accroître ses profits. Celle-ci tente aussi de pénéter le marché des républiques turques d'Asie centrale et use pour cela, leur parenté historique et culturelle. Cependant, sans entrer sous la protection de l'impérialisme, il n'est pas possible de pénétrer ces marchés ou de soutirer une contrepartie.

En accédant à l'UE, la bourgeoisie monopoliste va bénéficier d'une aide financière considérable. Elle va gagner la confiance des marchés internationaux. Son partenariat avec le capital étranger va se développer.  Ces aides financières constituent l'autre raison qui la pousse à rejoindre l'UE. Pour harmoniser l'économie turque, alléger la crise mais aussi pour juguler la lutte révolutionnaire, l'UE sera dans l'obligation d'octroyer cette aide financière. L'adhésion de la Turquie va octroyer à la population une liberté de circulation qui va réduire le chômage en Turquie et augmenter le chômage ailleurs.

L'adhésion de la Turquie est une charge que l'Europe ne veut pas porter.  Cependant, l'Europe voit la Turquie comme une pièce majeure dans le processus d'élargissement et dans la sécurité de l'Europe. Pour s'étendre vers les Balkans, le Proche-Orient et le Caucase, l'Europe a vraiment besoin de la Turquie. Ses ressources humaines et ses matières premières sont également source de convoitise. La Turquie regorge des minérais de grande valeur comme le Bohr et le Thorium.

L'UE justifie son refus d'intégrer la Turquie en son sein en invoquant la question chypriote. La solution proposée par l'UE et les USA est l'annexion de l'île. Chypre est un carrefour stratégique important pour soumettre les peuples de la région. Le but inavoué est d'empêcher que le peuple chypriote revendique son indépendance. Une fois incorporée à l'UE, Chypre sera sous un contrôle accru. Il est donc aisé de comprendre les intérêts des impérialistes européens à accepter la Turquie en leur sein. Mais c'est surtout les Etats-Unis qui désirent que la Turquie entre dans le club européen.

Pourquoi? Au sein de leur nouvel ordre mondial, les Etats-Unis accordent une importance particulière à la Turquie. Car les USA ont besoin d'un valet fidèle au sein de l'Europe pour miner celle-ci et faire valoir ses désidérata. Cela va permettre à l'impérialisme US de prendre les meilleurs morceaux et de laisser les problèmes à l'impérialisme européen. Les USA veulent aussi que l'Europe assume une tâche dans la stabilisation de la Turquie et du Proche-Orient.

Pour l'impérialisme, la Turquie est un allié inséparable. Avec la lutte révolutionnaire qui s'y déroule, sa démographie et son chômage galopants ainsi que ces différences culturelles, c'est un pays qui constitue un grand risque. C'est pourquoi, l'UE préfère temporiser et ajourner son adhésion.

Malgré cela, l'impérialisme ne peut pas abandonner la Turquie. L'Europe préfère aujourd'hui ralentir le processus d'adhésion de la Turquie et pour cela, l'UE argumente que la Turquie viole les droits humains, agite le problème kurde ou le problème chypriote pour justifier son refus de l'adhésion de la Turquie. Par décret du Parlement européen, l'Europe a suspendu les aides financières prévues dans le cadre de l'accord de l'Union douanière. Pour être membre de l'UE, elle doit respecter les critères de Copenhague. En d'autres termes, l'Europe exige la stabilité ! Comme on l'a expliqué plus haut, ces conditions sont un miroir aux alouettes. La source du problème entre l'UE et la Turquie est que la La Turquie est un pays sous la domination des USA. L'UE est incommodée par cette situation. C'est pourquoi, elle invoque les faiblesses de la Turquie.  En vérité, l'Europe s'en fout qu'il y ait la démocratie et le respect des droits de l'homme en Turquie. Ce qui leur importe, c'est leurs intérêts. Ils ont soutenu tous les pouvoirs militaires ainsi que leurs crimes. L'Europe a vendu les armes qui ont servi à assassiner nos peuples. Derrière les prisons de type F et les massacres dans les prisons, il y a l'UE.



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